Ma fille m'a prêté un livre: La pensée positive pour les Nuls. Il faut reconnaître que je suis pollué par les histoires qui me tournent dans la tête, et qui invariablement finissent mal, les inquiétudes multiples que je nourris pour moi, pour ma femme ou pour mes filles. Une forme d'hypocondrie matinée d'une tendance à la mélancolie... Et pourtant, je tâche au mieux de cacher cette image : Je suis cadre dirigeant dans une entreprise française appartenant à un grand groupe américain, je suis apprécié de mon Président, mes collaborateurs ne semblent pas me détester, donc, on peut dire que tout va bien. Malgré cela, donc, je trimballe un cortège de fantômes et ce livre me semble arriver à point nommé pour tâcher de démeler ce foutoir, et surtout désamorcer cette tendance stupide à ne voir que le coté sombre des choses. Nous entrons donc de plein pied dans ce qui peut s'apparenter à une thérapie.

Vous comprendrez que je ne dévoile ni mon nom (car je sais qui je suis), ni où je vis, où je travaille, bref, toutes choses connues de moi, et qui n'apporteront rien au lecteur, si tant est qu'il y en ait un jour.

Ainsi, l'un des travaux de cet ouvrage consiste à lister les évènements heureux dans une colonne, les évènements malheureux dans une autre, et préciser la façon que j'avais eu de les ressentir, ceci pour les tranches 0-10 ans, 10-20, 20-30, 30-40, 40-50. Et pour ceux qui pensent "tiens, il s'arrête à la tranche 40-50, il a donc au maximum 50 ans" dites vous bien que je vous ai vus venir.

J'ai donc commencé par le début. Evidemment, ce sont les évènements tristes qui s'imposent d'emblée. Je ne vais pas me reconstruire tout de suite...

Donc, le premier évènement triste de ma jeune vie (nous sommes dans la tranche 0-10ans) démarre assez fort. Ma soeur est morte alors que j'avais quatre ans, elle deux. Mes parents ne m'ont rien expliqué, et je n'ai que l'image d'un bébé posé sur une tables dans le salon que je rattache (peut-être de façon erronée) à cet évènement. Cette disparition (au sens propre du terme) m'a finalement touché bien au delà de ce que je voudrais croire. Et je me demande d'ailleurs si mon incapacité à avoir eu des garçons n'est finalement pas liée (Pour ceux qui l'ignorent, le sexe du bébé à venir est conféré par le père...). Mais c'est un autre sujet. 

Du coup, il a fallu que je creuse un peu pour trouver un évènement heureux. Mais moins que je ne le craignais au prime abord. Cet évènement heureux, c'est le jour ou mon père a enlevé les roulettes de mon vélo, et que je me suis retrouvé à pédaler comme un grand, dans un mélange de terreur et d'excitation. Il est aussi amusant de voir qu'un souvenir en appelle un autre et que, finalement, on arrive (au prix d'un effort toutefois) à garder le cap. C'est comme ça que j'ai retrouvé Troll, notre chien, que mon père avait fait rentrer dans un labyrinthe en grillage. Je pense que le chien n'avait pas trop apprécié, mais c'était un bon moment quand même pour moi.